Intérieur

Bien rentrée du Portugal. J’ai eu du mal à lire cette semaine vu l’actualité dans le monde. J’ai eu la merveilleuse idée vendredi soir, la veille de notre retour en France, d’allumer la TV de l’hôtel pour regarder les nouvelles. Pile à l’heure pour assister à une tuerie en direct. Profondément choquée, j’ai encore du mal aujourd’hui à reprendre le cours normal de ma vie. Je n’en dirais pas plus à ce sujet (si ce n’est que j’adresse tout mon soutien aux familles des victimes), je pense que tout a déjà été dit et même plus qu’il n’en faudrait.  Simplement, on va continuer à vivre. A aimer. A LIRE. Beaucoup.

Je vais vous parler du livre que j’ai terminé ce matin, il s’agit d’Intérieur de Thomas Clerc dans la collection L’arbalète Gallimard. Ce livre je l’ai découvert sur la chaîne Solange te Parle (sur qui j’ai fait un article que tu peux voir ici), sur cette vidéo super chouette que je t’invite à regarder parce qu’elle saura certainement mieux te convaincre que moi de le lire.

J’ai adoré cette lecture! J’adore l’idée, la façon d’écrire de l’auteur, son humour, vraiment je recommande ce livre! J’en dis plus un peu plus bas.

Résumé royal:

La description détaillée de l’appartement parisien de Thomas Clerc, jusqu’aux plus infimes détails. Plans à l’appui, il nous raconte, pièce par pièce, et dans une écriture admirable, l’histoire de chaque objet, la raison d’être de chaque chose présente chez lui. Il s’interroge, se souvient, et nous amène avec lui à la découverte de son intérieur.

Résumé au dos du livre:

«Comme j’ai été lent à faire le tour de ma maison! 3 ans pourtant c’est 3 fois moins qu’Ulysse revenant de Troie. Ulysse ne voulait pas rentrer à Ithaque, et moi je m’évertue à rester ici, je supplie de ne pas sortir.»

L’appartement de Thomas Clerc fait 50 mètres carrés. Il y vit depuis 10 ans. Il y passe la majeure partie de son temps. Sans doute parce qu’il est un homme d’intérieur, il a entrepris d’en faire le tour intégral avec cette espèce de vertige qui le pousse toujours à épuiser la totalité d’un espace.

Ce que j’en ai pensé:

Les +: En tout premier lieu, et avant même d’entrer dans le contenu, le format du livre. La collection L’arbalète Gallimard publie des livres au format 140mm x 190mm, et je trouve ce format hyper agréable à tenir en main et surtout vraiment beau. Les couvertures sont sobres, des photos simples sur fond blanc, effet garanti! J’aime vraiment beaucoup d’ailleurs la photo de couverture d’Intérieur.

Sinon j’aime le fait que ce livre soit aussi bien écrit. J’ai enrichi mon vocabulaire d’au moins cinquante nouveaux mots, j’adore ça!

J’aime le fait que la description de l’appartement soit poussée jusqu’aux plus petits détails, que tout soit passé à la loupe (mon côté voyeur, sans doute, ou Sherlock Holmes, plus avantageux), et surtout que la plupart des objets soient accompagnés d’une anecdote, ou traités avec humour (la description du parquet devant la salle de bain!!). J’aime le côté intimiste de ce livre, l’idée que l’on partage avec l’auteur une partie de son intimité, qu’il nous accorde « sa confiance » est plaisante.

Enfin, j’ai adoré la description du bureau.

Les -: Le fait d’écrire 1 en chiffre. Je comprend l’idée mais n’apprécie pas.

Le dénigrement un peu « bobo » parfois d’une partie de la population que l’on nomme artisans. C’est subjectif, je vous l’accorde.

La description de la bibliothèque! POURQUOI si courte? J’ai attendu si longtemps pour en savoir si peu! Hâte de voir un livre entier sur la bibliothèque, M Clerc!

Enfin, je me suis parfois un peu ennuyée face au côté quelque peu scientifique de certaines descriptions, mais c’était le jeu. Tout objet ne peut pas avoir sa part romanesque!

Ma note:

18/20 J’ai adoré! Rien à ajouter! Lisez-le si vous voulez changer un peu d’univers livresque, il en vaut le coup.

Citations choisies:

Il y en a beaucoup, je n’ai pas pu me décider, désolée.

« Ne pas sortir de mon appartement pendant ces années, rester comme 1 sorte de rat, cloîtré, c’était en souvenir des différents séquestrés que j’avais connus, pour lesquels sortir relevait d’1 tâche impossible. Incapables de mettre le nez dehors, ce dehors qui les écrasait, ils passaient le temps, sans pouvoir même s’abandonner à la décoration intérieure et minutieuse du vide. »

« Il y a en moi une graine d’archiviste et je n’aurais pas entrepris ce vaste documentaire si je n’avais la conviction que l’archive, comme la Littérature, dit le vrai. »

« Dès qu’on regarde quelqu’un râper du fromage, l’Histoire perd son sérieux, sa forme et son sens. Fromage, nostalgie et modernisme se mêlent dans 1 plat à fondue. »

« Se refuser à acheter des marchandises d’occasion au motif qu’elles seraient hantées par l’ancien propriétaire, c’est pousser la logique de la maison Phénix jusque dans ses cendres. »

« Le travail austère de l’écriture implique d’incessants subterfuges. Internet y pourvoit mais redouble le problème de la dépendance à l’écran. Le frigidaire est 1 allié plus onctueux, mais piégeant. Le thé calme. Les toilettes servent. La fenêtre délasse. La sieste tente. Le téléphone divertit. La télé déconcentre. Le sexe vide. La rue agresse. Rien ne vaut 1 bon tour de maison. »

« Si je voulais résumer en 1 formule le rôle que la Littérature a joué dans ma vie, je dirais que mes lectures ont été plus déterminantes que mes expériences. […] Dès le départ (qui signifie aussi : séparation), j’ai senti ma différence d’avec les autres hommes, ceux pour qui le réel, se suffisant à lui même, procurait des satisfactions auxquelles je ne pouvais adhérer sans malentendu. »

2 commentaires sur “Intérieur

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